Notre Amour

04/10/07      08/10/07

Voilà quelques mois que nous savions que Anais avait un Laparoschisis (plus d'infos), depuis la 12ème semaine. Les pronostics pour cette malformation sont excellents à plus de 90% sans séquelles, ce qui nous avait permis de garder espoir. Pour garder les anses intestinales en bon état, les médecins sont obligés de pratiquer un changement de liquide amniotique, ce dernier pouvant devenir agressif pour les intestins en se chargeant d'urée. Nous n'avons eu aucun problème lors du premier changement. Tous les paramétres étaient corrects. Une fois arrivés à l'hopital et juste avant la deuxième amnio-infusion le bébé s'est mis à bouger violemment dans le ventre de sa maman. Après avoir fait la deuxième amnio-infusion, Saskia est restée en observation à l'hopital comme la première fois. Mais cette fois-ci, le premier monitoring n'étant pas satisfaisant, Saskia a dû rester pour en faire un 2ème puis un 3ème.....

Lors du 3ème monito, la courbe n'était pas terrible et Saskia commença à avoir de la fièvre. Vers 20H30 le gynéco prit la décision en catastrophe de faire accoucher Saskia dans les 10 minutes. Panique à bord pour trouver toute l'équipe ; gynéco, infirmières, sages-femmes, anesthésiste, chirurgien + la même équipe pour s'occuper du bébé.... cela fait du monde.

1H plus tard j'ai pu voir 10 secondes notre bébé passer dans une couveuse d'un bloc opératoire au service de réanimation. Moment intense et dramatique en même temps. Entre temps Saskia se remettait de son opération et pouvait rejoindre sa chambre. Commence la longue attente de l'opération pour ANAIS. Vers minuit, nous avons pu parler aux 2 chirurgiens qui allaient l'opérer. D'après eux, l'opération risquait d'être longue et de se passer en plusieurs fois pour pouvoir remettre tous les intestins en place. Vers 1H30, coup de téléphone du chirurgien qui a réussi à tout remettre en une fois ! Il nous dit aussi que les intestins remis en place n'étaient pas en très bon état.

Commence la phase de réanimation d'ANAIS qui est toujours cliniquement dépendante. Avec Saskia on peut s'approcher d'Anais, lui toucher ses petits pieds, ses petites mains , lui murmurer quelques mots ...

L'équipe de neonat est là pour s'occuper d'Anais, son état est stable mais très faible. Son état ne s'améliorant pas dans la journée, le docteur en charge d'Anais nous convoque avec d'autres médecins pour prendre une décison. Sans entrer dans les détails, la dernière chance est de ressortir les intestins dans l'espoir d'améliorer son état clinique. Les médecins nous préparent au pire, les chances de survie à cette opération sont infimes. Le cauchemar continue.

Encore de longs moments à attendre avant que l'équipe soignante ne débarque dans la chambre. On attend la terrible nouvelle.... et bien non, Anais a survécu à l'opération ! Voila une championne ! Et de surcroît son état clinique aurait tendance à s'améliorer. On reprend espoir, tout en craignant le pire. Malheureusement dans la journée qui a suivi, son état est redevenu stationnaire. Et tous les indicateurs virent au rouge. Désormais il n'y a plus d'autre échappatoire. Notre principal souhait est que ANAIS ne souffre pas.

Lundi matin, le docteur nous prévient que les heures d'ANAIS sont comptées. Nous descendons immédiatement avec Saskia pour lui dire un dernier au revoir. Arrivés sur place nous décidons avec les médecins de la "débrancher" et pouvons ainsi pour la première fois la prendre. Anais est morte dans nos bras. Nous l'aurons accompagnée jusqu'au bout.

Difficile retour à la maison qui se passera de commentaire.

A notre petite Anais,

Avec ta maman nous t'avons tant désiré que notre chagrin est immense. Nous savons que tu as lutté pour essayer de rester avec nous et nous sommes fiers d'être tes parents. Cela n'aura pas suffit à nous réunir,, et maintenant te voila repartie au milieu des petits anges. Mais de là ou tu es je sais que tu veilles sur nous.
Nous t'avons donné la vie et jamais nous ne pourrons nous séparer de toi. Désormais tu reposes en paix et tu continueras à grandir dans le coeur de tes parents. Cette expérience a montré à quel point nous étions unis avec ta maman. Nous essaierons d'être les plus fort possible face à cette leçon de vie qui nous a été imposée.
Comme nous te l'avons promis, nous essaierons de te donner un petit frère ou une petite soeur ou , qui sait, peut être les deux.
De là ou tu es à présent, nous espérons que tu peux nous voir. Nous sommes tous là aujourd’hui pour te dire que nous t’aimons et nous ne t’oublierons jamais.